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Préambule: ce petit texte vise à présenter le cadre général et la finalité des "ateliers de la profession", tels qu'ils ont été proposés à la Haute école de musique de Genève; ces quelques lignes sont ouvertes à la critique, à toute remarque ou suggestion qui permettrait de faire évoluer les ateliers.

 

A la seule échelle européenne, la formation musicale supérieure – destinée à de futurs professionnels – est dispensée par près de 300 hautes écoles. Chacun de ces établissements certifie aujourd'hui près (ou plus) d'une centaine d'étudiants par année. Ce sont ainsi, au minimum, 30'000 jeunes musiciens professionnels qui sont susceptibles, année après année, d'entrer dans la vie active du domaine musical. Ce chiffre est (certainement) à multiplier par dix si l'on y ajoute les écoles nord-américaines et par un facteur encore plus conséquent si on élargit le cercle vers le reste du Monde: Amérique latine, Australie, Japon, Chine, Corée, etc. C'est donc une somme d'individualités en augmentation, chaque année, d'environ un demi-million de nouveaux musiciens professionnels qu'il faut dès lors considérer.

 

Mis en regard de la situation actuelle des orchestres (et du nombre de pupitres à repourvoir), de celle des budgets alloués à la culture, de l'évolution du commerce de la musique enregistrée ou encore des postes d'enseignement disponibles, ces "chiffres" nécessitent que chaque nouveau diplômé ait pleinement conscience de l'environnement dans lequel il s'apprête à entrer.

 

La question n'est pas de form(at)er les étudiants des hautes écoles en fonction des seules exigences du "marché de la musique", mais bien également d'influer sur ce marché, par la qualité des enseignants, des enseignements et par le niveau des diplômés de ces écoles. Elle n'est pas non plus de dramatiser la situation ou de noircir volontairement un tableau général qui comporte, par ailleurs, des ouvertures (mobilité, nouvelles technologies, etc.) qui n'existaient pas nécessairement pour les générations précédentes. Il n'en demeure pas moins qu'une bonne compréhension de ce que représentent ce "marché", ses acteurs, ses règles, etc. semble aujourd'hui vivement nécessaire pour toute personne s'apprêtant à "faire le grand saut" des études vers la vie active dans les domaines du spectacle vivant et des arts de la scène.

 

Une bonne appréciation (appréhension) de l'environnement est, pour chaque jeune musicien, à mettre en regard de sa propre personnalité, de son parcours, de ses centres intérêts, de ses envies et intentions, de ses choix, de tout ce qui définit son identité (personnelle et artistique). C'est une mise en exergue de l'individualité de chacun qui permettra de se positionner et de se distinguer de la somme des (jeunes) musiciens susceptibles d'entrer en contact avec des médiateurs (producteurs, organisateurs, diffuseurs), de rechercher des soutiens financiers et de se "faire une place" dans le monde de la musique.

 

La définition et l'élaboration progressive d'un projet personnel (projet artistique) constituent assurément la pierre angulaire du travail de positionnement individuel à réaliser. Ce projet n'est pas toujours immédiatement dessiné. Il est aussi susceptible d'évolutions, de changements. Reste que l'intention peut être esquissée dès le début du parcours du musicien, par une brève mention dans un curriculum vitae de ses centres d'intérêts (style, esthétique, période ou courant artistique, compositeur(s) de prédilection, type d'effectif ou d'ensemble privilégié, etc.). Elle doit aussi apparaître dans une biographie de concert (et permettre ainsi de se démarquer quelque peu du "format" commun, qui fait qu'un jeune professionnel propose une biographie quasiment identique à celle qui serait rédigée pour un artiste renommé et accompli. Cette intention (cette authenticité) est, enfin, celle que cherchera à déceler (à comprendre) un mécène ou un sponsor, sollicité pour un soutien financier.

 

Le projet personnel représente donc bien le véritable fil rouge des ateliers de la profession. Au travers d'une sensibilisation à différents aspects de la "vraie vie" du musicien professionnel, l'un des objectifs des ateliers est de suggérer différents outils destinés à préciser ce projet.

 

S'il est clair, pour la plupart des acteurs de l'enseignement musical supérieur, qu'une haute école (un conservatoire supérieur) a pour objectif premier de former ses étudiants dans leur discipline (artistique) principale, il n'est pas encore vraiment acquis que les "à côté" de la pratique instrumentale, et la préparation à l'entrée dans la vie active en ayant conscience de ces éléments non-directement artistiques, ne doivent pas être négligés.

 

C'est dans cet esprit que les ateliers de la profession de la HEM ont évolué au cours des dernières années. A terme, c'est un véritable "centre de carrières" (career center) qui pourrait être progressivement mis en place au sein de la Haute école de musique de Genève.

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